Second album du groupe, Seventeen Seconds est aussi le premier volet de leur 'trilogie glacée', poursuivie en 1981 par Faith et achevée par Pornography en 1982. Trois albums allant progressivement dans la noirceur, la décrépitude, la violence psychique, la dépression. Seventeen Seconds est le premier grand chef d'oeuvre de The Cure, et comme sa pochette le prouve, si l'album est sombre, il est cependant, rétropsectivement, assez lumineux (pochette blanchâtre ; la pochette de Faith sera grisâtre, et celle de Pornography, noire et rouge, infernale).
En 35 courtes minutes, l'album propose une succession de titres, chantés ou instrumentaux (il y à 3 instrumentaux ici), qui alternent entre tristesse et joie. A Reflection est un superbe et court instrumental tout en guitare (son cristallin, triste aussi) et piano (signé de Matthieu Hartley, qui ne durera pas longtemps dans le groupe). La batterie syncopée de Laurence Tholhurst (pas le meilleur batteur au monde) annonce Play For Today, morceau qui, avec sa guitare claironnante, sonne plutôt lumineuse. D'ailleurs, Robert Smith chante d'une voix assez chaude sur ce titre. Rien à voir avec Secrets et In Your House, deux merveilles sombres qui suivent. Et Three, alors ? Instrumental achevant la première face, il tétanise, totalement. Le morceau le plus inquiétant du disque, un morceau qui annonce d'ores et déjà les vertiges de Faith (mais pas Pornography : rien ne peut préparer à Pornography). Quelques voix se font entendre sur Three, pas suffisamment pour qu'on puisse qualifier ce morceau autrement que comme instrumental.
The Final Sound, même pas une minute, est un autre instrumental, et est lui aussi tétanisant. Ligne de piano assez calme, mais cependant très sombre, funèbre, qui s'arrête très brutalement. Un peu comme le dernier son que l'on entendrait avant de mourir. La brusque fin du morceau est un peu comme si on mourait pendant l'écoute du titre. Brrr. Passé ce moment intense et glauque, A Forest, tube de l'album, déboule, une histoire de mec perdu en forêt, seul, sans possibilité de retrouver son chemin, parce qu'il suivait une jeune femme, qui s'est avérée ne jamais avoir été là. Intro magistrale, culte, qu'Indochine semble avoir pompé pour leur J'Ai Demandé A La Lune de merde. Solo de guitare terrible à la fin. Basse inoubliable de Simon Gallup. Claviers entêtants.
M est une bien belle ballade lumineuse en hommage à Mary, la fiancée de Robert Smith. At Night, qui suit, est incroyablement sépulcrale, triste et angoissante. Cet album est décidément bien étrange, à passer du gai au funèbre, comme ça. Enfin, Seventeen Seconds vient terminer, sur une ligne de guitare inoubliable, l'album.
On tient entre les mains un disque fort, puissant, enivrant, qui doit tout à Joy Division (période Unknown Pleasures), tout en proposant une alternative franchement parfaite à la new-wave : la cold-wave. Seventeen Seconds est un des sommets de The Cure...avec leurs deux albums suivants, les deux autres volets de la 'trilogie glacée', qui porte si bien son nom.
FACE A
A Reflection
Play For Today
Secrets
In Your House
Three
FACE B
The Final Sound
A Forest
M
At Night
Seventeen Seconds
Bemol : c'est vrai que le bassiste est excellent.