Sorti en 1962, Oh Yeah est un des plus grands disques de jazz/swing de l'histoire, et le sommet de Charles Mingus. Autrefois contrebassiste, Mingus, à partir de cet album, est devenu pianiste, et même chanteur (chose inédite, car il ne chantait pas sur ses précédents albums, et le jazz et le swing sont rarement chantés).
Avec comme musiciens accompagnateurs Rahsaan Roland Kirk (saxo, flûte), Booker Erwin (saxo), Jimmy Knepper (trombone), Doug Watkins (contrebasse) et Dannie Richmond (batterie), Mingus, artiste assez frapadingue et imprévisible, mort en 1978, offre ici 7 morceaux démoniaques et enchanteurs, parfois très longs (Devil Woman approche des 10 minutes, Hog Callin' Blues et Ecclusiastics approchent ou dépassent les 7 minutes).
Le son de l'album est brut de décoffrage. Pas de chichis ici, c'est du jazz brutal, sauvage, sans concessions, on entend Mingus brailler Oh yeah !! dès le départ, et jamais la tension ne se relâche. Sous une pochette iconographique illustrant, par des vignettes, les morceaux, Oh Yeah est parfait de bout en bout (ma préférence va à Devil Woman, parce que c'est le plus long, mais Oh Lord Don't Let Them Drop That Atomic Bomb On Me - ce titre, la vache ! - est également tueur). On sent une forte influence de Mingus sur Tom Waits (qui démarrera sa carrière dix ans plus tard). L'ambiance est parfois à la rigolade (Eat That Chicken), parfois totalement bluesy (Ecclusiastics). Wham Bam Thank You Ma'am est une phrase culte, onomatopéenne, que plusieurs chanteurs utiliseront (Bowie sur son Suffragette City).
44 minutes infernales, 7 titres exemplaires...Oh Yeah s'impose vraiment comme une pièce majeure du jazz. Mingus avait déjà fait de grands disques (Blues & Roots, Pithecanthropus Erectus), et en fera d'autres très bons encore (The Black Saint And The Sinner Lady), mais ce Oh Yeah est vraiment le summum absolu, conseillé aux fans de musique incontrôlée.
FACE A
Hog Callin' Blues
Devil Woman
Wham Bam Thank You Ma'am
FACE B
Ecclusiastics
Oh Lord Don't Let Them Drop That Atomic Bomb On Me
Eat That Chicken
Passions Of A Man
Celui-ci reste pas mal malgré tout.