Je ne sais pas ce que j'ai, en ce moment, mais j'écoute beaucoup de musique (rock) issue des années 90. Des truc que je découvre (Sparklehorse), que je redécouvre. Des albums que je n'avais pas réécoutés depuis longtemps, notamment. Comme ce disque de Soundgarden, que je n'avais pas réécouté depuis, tenez-vous bien, tenez-vous mieux que ça, 2009. Date de l'ancienne chronique que j'en avait fait ici, d'ailleurs. Ce disque, c'est leur quatrième album, Superunknown. Il date de 1994 et est le plus gros succès commercial du groupe, leur album le plus connu (et le seul que je possède d'eux, d'ailleurs, je n'ai pas honte de le dire). Soundgarden est un groupe de grunge américain (mais c'est un pléonasme : le grunge était américain ; les quelques rares groupes de grunge non-américains n'ont pas vraiment fait parler d'eux, comme les français de Dolly),mené par le chanteur Chris Cornell, futur leader d'Audioslave, futur chanteur d'une chanson d'un James Bond (You Know My Name, du film Casino Royale), un mec avec une voix très efficace, qui correspond aussi bien aux chansons musclées qu'aux chansons plus calmes. Il y à des deux sur Superunknown, album rempli de classiques, de hits, de tubes en puissance pour le groupe et le grunge. J'ai utilisé le terme 'rempli', et croyez-moi, il correspond parfaitement. Car cet album produit par le groupe et Michael Beinhorn (et mixé par Brendan O'Brien, producteur de Pearl Jam) est victime de ce que l'on peut appeler la crise de remplissage des années 90. Je m'explique, mais c'est pas compliqué : quand le CD est arrivé, milieu des années 80, on a commencé à se rendre compte qu'on pouvait bien utiliser ce nouveau format, permettant 74 minutes (puis 79,59 minutes) de contenance musicale par galette.
Les groupes se sont mis, pas tous mais pas mal d'entre eux, à remplir leurs albums à donf'. Des albums atteignant 73, 75, 77, 79 minutes, atteignant 15, 16, 18 titres des fois ! Le rap/hip-hop a bien profité de ça, mais le rock était pas mal non plus, voir les deux volets des Use Your Illusion des Guns'n'Roses, voir In Utero de Nirvana (avec cette plage audio finale de 30 minutes renfermant un morceau caché après plus de 20 putain de minutes de silence, que je hais ce procédé... mieux vaut utiliser une plage audio entière et séparée du dernier titre crédité plutôt que de remplir 20 minutes avec du vide), American Caesar d'Iggy Pop, Time Out Of Mind de Bob Dylan, Disintegration des Cure, The X Factor d'Iron Maiden... et Superunknown de Soundgarden, 16 titres et 73 minutes. Alors certains de ces longs albums sont remarquables (le Dylan, le Cure, le Maiden... en fait, ceux que je viens de citer, tous), mais c'est quand même vachement trop long, et ils auraient été sans doute encore meilleurs avec une durée plus sobre. Maintenant, les groupes semblent avoir pigé, les albums durent dans les 50 minutes en moyenne, parfois (souvent !) moins, rarement 70 et +... Bref, ce quatrième album de Soundgarden est victime de son temps, il est rempli à la gueule, et croyez-moi, des fois, c'est pas l'envie que manque d'arrêter le disque en pleine écoute. Surtout que la production est très dans son temps aussi. Au bout d'un certains temps, on a l'impression d'écouter ce disque depuis des heures, des jours, des mois... Dommage, car Superunknown offre vraiment des chefs d'oeuvre : Fell On Black Days, Black Hole Sun, Superunknown, Half, Limo Wreck, 4th Of July, My Wave, Like Suicide. Soit la moitié, en nombre de chansons (je rappelle qu'il y en à 16), de l'album. Black Hole Sun, sorti en single (pas la seule chanson de l'album à avoir droit à son single, d'ailleurs), est une pure merveille, notamment, dans le registre calme, et dans le registre heavy et brut, Limo Wreck a toujours été ma préférée. Et la chanson-titre est pas mal non plus !
Le chant de Cornell est parfait, dans un registre comme dans l'autre, et dans l'ensemble, le groupe (Kim Thayil : guitare ; Matt Cameron : batterie ; Ben Shepherd : basse ; Cornell joue un peu de guitare, aussi) est efficace. Très lourd par moments, le son de Soundgarden est bien représentatif de la scène grunge, à ranger aux côtés d'Alice In Chains, Stone Temple Pilots, bien loin devant Pearl Jam et Nirvana. L'album aurait cependant gagné à être plus concis, on a des titres moins percutants (She Likes Surprises, Head Down, l'intro Let Me Drown que je n'ai jamais trouvé géniale, le court Kickstand qui est bien dans le registre du court et speedé, mais sans originalité, et The Day I Tried To Live). 73 minutes, c'est vraiment long, même si, dans son ensemble, Superunknown est un très très bon disque de grunge, de rock 90's, et que de temps en temps, ça fait du bien par où ça passe. Ca faisait presque 4 ans (disons 3 ans et demi) que je ne l'avais pas réécouté, et je pense que la prochaine écoute ne sera pas dans un laps de temps aussi long ! J'ajoute pour finir que le livret est dans l'ensemble bien foutu (c'est peut-être con, mais j'adore ce genre de livrets, avec lettrage, couleurs, illustrations différentes pour chaque chanson, ça varie un peu du sempiternel livret imprimé sur fond noir ou blanc, classique et sans âme). Des livrets assez variés, comme ceux de Superunknown, ou de l'éponyme (de 1995) d'Alice In Chains, ou de The Division Bell de Pink Floyd (pour citer autre chose que du grunge), ça change, et personnellement, j'aime beaucoup, ça en rajoute dans les points positifs de l'album ! Un très bon album, donc, bien qu'il soit surchargé.
Let Me Drown
My Wave
Feel On Black Days
Mailman
Superunknown
Head Down
Black Hole Sun
Spoonman
Limo Wreck
The Day I Tried To Live
Kickstand
Fresh Tendrils
4th Of July
Half
Like Suicide
She Likes Surprises